24/01/2014

Traits communs entre juifs et chinois

Jérusalem – Les chinois s'y connaissent en civilisation. Durant des milliers d'années, ils ont absorbé les ethnies dans leur culture, en éliminant, à l'occasion, les tribus qui causaient trop de troubles. Ils ont observé d'autres civilisations aller et venir ; ils ont vu, leurs voisins, plus jeunes adopter leur culture en partie pour essayer d'affirmer leur supériorité pour finalement choir.. C'est le dernier peuple sur terre qui accepta les dogme libéral occidental proclamant que chaque culture est valide dans ses propres termes de références. Pourtant, ils ont vu trop de civilisations connaitre l'échec par leurs propres faiblesses.

Il n'y a pas de plus grand compliment, pour n'importe qui que d’être admiré par les chinois, qui regardent, avec quelque raison, leur civilisation comme la plus ancienne, et, dans la durée, la plus réussie. La haute estime dans laquelle les chinois tiennent les juifs, devrait être une source de fierté pour ces derniers. En fait, il est très plaisant que d’être un juif en Chine. La sombre histoire de la haine juive a laissé des cicatrices chez chaque nation européenne, lais sont entièrement absentes dans le plus grand pays du monde. Au contraire, dans la mesure ou les chinois connaissent quelque chose des juifs, leur réponse, à notre égard, est instinctivement sympathique.

«  Je suis toujours surprise par les expressions d'affection que les chinois montrent envers les juifs. Les deux cultures, soulignent les chinois, partagent les respect pour la famille, le désir d'apprendre et l'argent » écrivait la journaliste Clarissa Sebag-Montefiore, l'année dernière. «  La plupart des chinois pensent que les juifs sont fins, intelligents,bons à faire de l'argent et que leurs réalisations sont nombreuses., » Le professeur Xu Xin, directeur de l'institut des études juives de l'Université de Nanjing (un des six centres chinois se livrant à l'étude du judaïsme) disait « , cette logique, qui veut que les juifs soient admirés pour leur succès, en dépit de leur petit nombre et de l'oppression historique dont ils sont les victimes, a mis au jour toute une industrie d'ouvrages sur l'art et l’astuce en affaires qui utilise la culture juive et le Talmud. »

La famille, l’apprentissage, le respect pour la tradition, le soin des affaires. Ce sont les traits juifs, vertus auxquelles les chinois s'identifient aussi. C'est aussi vrai que çà peut l’être. On peut aussi mentionner que la Chine n'a jamais eu aucune raison de voir les juifs comme des compétiteurs en légitimité.

Le christianisme a débuté comme une secte juive et s'est mis à vaciller quand il a prétendu surpasser le judaïsme tout se voyant comme une religion fille qui se devait d'honorer ses parents. L'Islam prétend que les juifs et les chrétiens ont falsifié les révélations et que leurs écritures est une perversion du véritable message divin, que Mohammed a restauré dans son intégrité originale. Mais aucune gymnastique de l'imagination ne fera que la Chine puisse voir les juifs comme une menace pour la légitimité de sa civilisation.

En résumé, les chinois n'ont aucune raison de craindre ou de ne pas aimer les juifs et évoquent un nombre de raisons pour les admirer puisqu'ils montrent des traits qu'ils admirent chez eux-mêmes. Un juif qui visite la Chine, lui aussi, ressent cette affinité avec le peuple chinois sans pouvoir l'expliquer par cette familiarité d'esprit. Cela tient à une attitude commune face à l'existence et plus spécialement face à l'adversité.

Un ami chinois l'expliquait de cette façon : si tu souffres d'un revers, même si ce n'est pas de ta faute et si c'est la conséquence d'actes malicieux de gens mal-intentionnés, tu ne dois pas te sentir désoler pour toi-même ni blâmer les autres pour tes difficultés. C'est toi qui doit prendre la responsabilité pour en venir à bout. Mais tu dois redoubler tes efforts et travailler encore plus dur. Les juifs comprennent très bien la persévérance face à l'adversité. Tout au long de deux millénaires d'exil à l'ouest, ils ont su maintenir une haute culture autonome tout en s'imposant au plus haut niveau de la culture occidentale souvent, malgré les persécutions.

Les civilisations chutent quand elles ne répondent plus, quand elles perdent confiance dans leur histoire et dans leur avenir, quand les citoyens perdent la fierté et le dessein inspiré par leur culture. On ne sait comment, pendant plusieurs millénaires, les juifs et les chinois ont gardé confiance et les ont préserver par la guerre et les conquêtes extérieures. C'est une explication de leurs succès présents. Redoubler d'efforts face à l'adversité et même l'esprit du mal ne peut s'expliquer par de la simple obstination. La volonté d'exceller à un jeu truqué est un fait culturel, une caractéristique personnelle qui mène l'intégrité d'une culture.

Il peut sembler anachronique de comparer le peuple le plus nombreux du monde avec un des plus petits, mais les chinois et les juifs ont ceci en commun, ce qui peut aider à expliquer leur succès et leur longévité, la capacité de s'élever au dessus des conflits ethniques.

Les conflits tribaux sont les fléaux de la société humaine. Durant les 40.000 ans qui précédèrent l'aube de la civilisation, certains anthropologues estiment que 40% des hommes, qui survivaient à l'enfance, mourraient à la guerre. Les grands empires du proche-orient et de l'ouest finir par dégénérer parce qu'ils réduisirent en esclavage les peuples conquis plutôt que de les intégrer. Le christianisme européens offrit un compromis. Les ethnies qui occupaient l'Europe après la chute de l'empire romain rejoindraient l'église universelle par l'esprit mais garderaient leur nature ethnique dans la chair. Finalement, la chair a vaincu l'esprit et le nationalisme ethnocentré provoquera les terribles guerres du vingtième siècle.

La civilisation chinoise montre un modèle différent, elle intégra d'innombrables minorités ethniques à partit d'un corpus unifié basé sur la langue écrite et la tradition littéraire, elle offrit aussi l'opportunité de l'avancement pour ceux qui venaient s'abriter sous son ombrelle. Contrairement à Rome, elle ne réduisit pas en esclavage les populations sujettes afin de travailler à des projets gigantesque mais insista sur la famille étendue comme fondement social.

A L'inverse du latin, langage unifiant l'Europe, seulement connu d'une élite restreinte, la culture chinoise propagea une langue écrite unique. L’alphabétisation, en Chine, était extrêmement fréquente comparé à l'Europe ancienne et médiévale, de 20 à 30% suivant la plupart des estimations. Pays au 55 ethnies en plus d'une grande variété de langages parlés. Les juifs, qui commencèrent l'application d'un enseignement général obligatoire un siècle avant notre ère, étaient le seul peuple du monde ancien à posséder un seuil d'alphabétisation plus important.

Ce qui distingue Israël des autres peuples du monde ancien à l'ouest de l'Indus, uniquement le fait que leur nation se définissait non par l'ethnicité ou la géographie mais par un code de pratiques, fruit du mandat divin.

Les écritures hébraïques décrivent le père fondateur du peuple juif, Abraham, tel un babylonien errant mis en demeure par le créateur unique Dieu de quitter son pays pour venir dans l’Israël d'aujourd'hui ou ses descendants se multiplieraient tout en endurant leur destinée pour l'éternité. La génération de ses arrière-petit-enfants migra en 2gypte, et leurs descendants se virent réduits en servitude. L'intervention divine libéra les hébreux de l'esclavage et leur donna la Torah (les enseignements) au Mont Sinaï, les enjoignant de conquérir la future terre d’Israël.

Les juifs ne sont pas une ethnie mais un peuple défini par son partenariat avec Dieu, ou il est obligé de reconnaître la présence divine dans les détails de sa vie quotidienne, ce qui lui donne la puissance d'aider au travail de la création. Les individus de toutes races peuvent être adoptés par cette nation en acceptant leurs responsabilités ; dans l'état présent d’Israël, on voit des centaines de milliers de juifs noirs africains venant d’Éthiopie tout comme des juifs d'autres ethnies.

Les juifs ne sont pas une nation ethnique mais une famille multiraciale, Ils furent les premiers à appliquer les mêmes lois aux étrangers qu'aux indigènes. Il leur est commandé d'aimer l'étranger comme eux-mêmes parce qu'ils étaient étrangers en Égypte. C'est vraiment une nation particulière, une nation à part, mais qui possède néanmoins une destinée universelle valable pour toute l'humanité, ils sont le parangon et l'exemple d'une nation, écrivait le théologien judéo-allemand Franz Rosensweig, le siècle dernier.

La preuve de la mission universelle de la nation juive est la fondation des États-Unis d'Amérique, nation qui connut le plus de succès dans l'histoire, par des radicaux protestants qui cherchaient à marcher dans les pas de l’Israël ancien et puisaient leurs inspirations dans la bible juive et chez les commentateurs tardifs.

Ce qu'il y a, par là, de commun entre les juifs et les chinois, est le sens de la loyauté envers une tradition ancienne qui définit les obligations de chaque membre de la société et qui met la famille au centre de la vie sociale, en opposition aux loyautés ethniques et tribales. Ce sont des chemins parallèles pour s'élever au dessus du tribalisme.

Il y a de grandes distinctions à faire, évidemment. Les juifs croient que c'est Dieu qui les mènent à leur existence nationale, le créateur du ciel, pour qui, comme dans le psaume 92 l'univers est comme une succession de vêtements qu'il remplace au fur et à mesure qu'il les enlèvent. C'est pour cette raison, qu'ils sont obligés de témoigner de la présence divine dans la vie quotidienne, par des lois et des jeûnes, par la pureté familiale, la prière et l'observance du sabbat.

La vie religieuse de l'ancien Israël était centrée sur le temple de Jérusalem, institution révérée par le monde antique. Comme Dore Gold l'écrit : Le service du temple reflète la vision du rôle universaliste prôné par Jérusalem. En dédicaçant le temple, le roi Salomon disait que les prières serait offertes par « un étranger au peuple d’Israël qui vient de bien loin .» Dans Isaïe, Dieu décrit le temple comme « une maison de prière pour tout le peuple .» On y offrait régulièrement des sacrifices afin de promouvoir la paix dans le entier, selon la loi biblique, il était permis, en fait, aux non-juifs d'offrir des sacrifices dans le temple, pratique qui devint très répandue à l'époque du second temple (-512 à 70). tout au long de la période du second temple, les chefs non-juifs y envoyaient communément des cadeaux. Darius, roi des perses et même César-Auguste le firent. Sans doute parce que Pline l'Ancien écrivait que Jérusalem était le cité la plus fameuse de l'est.

Le christianisme resitue la sainteté et l'autorité du temple dans la personne de Jésus de Nazareth. Comme le pape Benedict XVI l'explique, Jésus réclama pour lui-même, les qualités du temple (Mathieu 12:5) Après la destruction du temple par les romains en 70 de notre ère, la variante chrétienne de l'idée juive obtint du soutien et fut finalement adoptée comme religion d'état de l'empire romain

Mais c'est d'abord l'existence du temple et son appel universel au monde antique qui rendit le christianisme possible, c'est pourquoi, il est plus difficile au christianisme de garder de l'influence en Chine d’aujourd’hui que dans l'ancienne Méditerranée. Sans l'apport de la mémoire vivante du temple de Jérusalem et le rôle unique de l’Israël ancien, le christianisme devient une abstraction plutôt qu'une extension de la présence réelle d’Israël.

En remplaçant le temple par Jésus de Nazareth, le christianisme spiritualise la pratique juive, à la place des sacrifices du temple, on croit que le sacrifice de Jésus sur la croix et de la résurrection qui succède devint le centre de la religion occidentale. Le christianisme plaisaient aux tribus européennes en leur offrant une place dans « le nouvel Israël » de l'esprit, tout en retenant leur identité ethnique dans la chair. C'est la tragédie du christianisme occidental est que la chair vint à bout de l'esprit et que le tribalisme des peuples européens finit par détruire les liens universels de la culture chrétienne.

Le contraste entre l'Europe contemporaine et la Chine est évocateur. D'une part l'Europe est parvenue à un degré limité d'unification sans, quoi qu'il en soit, subvertir les résistances nationale à un gouvernement unifié, de l'autre La Chine et ses 55 minorités ethniques plus de nombreux langages parlés, est régie par un seul système politique. En dépit d'occasionnelles éruptions de tendances séparatistes, il y a peu de chances qu'elles retourne à une vague confédération d'ethnies.

Le projet européen vieux de mille ans a manqué toutes ses grandes ambitions. La plus grande réussite de l'ouest est la création des États-Unis d'Amérique, qui sélectionna les émigrants de toutes les nations par une nouvelle politique non-ethnique que définit une constitution inspirée, en grande partie, de l'antique Israël.

Quand le christianisme échoua à modifier le tribalisme résiduel de l'ouest, le message universel fut remplacé par le relativisme. Le dogme régnant de l'ouest séculier déclare dorénavant que chaque entité ethnoculturelle à droit à sa propre narration historique et que chacune d'entre elles est également valide dans ses propres termes. Le relativisme refuse de considérer le fait évident que des cultures réussissent tandis que d'autres échouent misérablement, il insiste sur le droit absolu à l'autodétermination, à l’auto-définition et au suicide de chaque tribu.

Cette idéologie post-chrétienne motive de nombreuses attaques de l'ouest sur la Chine et justifie le soutien des mouvements séparatistes du Tibet, du Xinjiang et d'autres provinces chinoises. La même idéologie justifie les attaques adressées à l'état d’Israël. Les libéraux relativistes arguent que les arabes ont le droit à leurs propres définitions narratives qui voient Israël comme une intrusion au cœur du moyen-orient en dépit de milliers d'années d'histoire et de présence juive constante. Les relativistes demandent qu’Israël abandonne son caractère d'état juif, ou du moins, rende assez de terre pour devenir indéfendable.

L'état d’Israël se trouva fondé par un des nombreux échanges de population qui eurent lieu après la seconde guerre mondiale. A peu près 700.000 juifs furent expulsés des pays arabes y compris l'ancienne communauté d'Irak qui subit la prédation des arabes, et quelque 700.000 arabes réfugiés qui quittèrent l'état d’Israël. Israël intégra les juifs expulsés mais les pays arabes refusèrent d'intégrer les arabes expulsés les maintenant ainsi comme population de « réfugiés » en guise de refus de l'acceptation des droits historiques du peuple juif.

Les pays arabes se livrèrent à trois guerres d'agression contre Israël en 1947,1967 et 1973 mais échouèrent à chaque fois. En 1967 Israël reprit la partie orientale de sa capitale, Jérusalem, c'est à dire le site de l'ancien temple. Jérusalem, qui possédait une majorité juive depuis le dix-neuvième siècle et une présence juive continue pour plus de trois mille ans avec une brève interruption après les expulsions dues aux romains et aux chrétiens.

La même logique perverse qui dénie à Israël le droit de vivre dans son ancien pays, dans son ancienne capitale aux frontières sures est mise en œuvre pour condamner la souveraineté de la Chine sur le Xinjiang et sur le Tibet, entre autres endroits. Le droit supposé à l'auto-détermination de la « culture ouïgour » ou de la « culture tibétaine » s'oppose à la souveraineté historique de la Chine sur ces territoires. Si on poussait ce raisonnement jusque ses ultimes conséquences logiques, le grand accomplissement de la civilisation chinoise, son génie pour intégrer des nombreuses ethnies dans une culture unifiante, n'est qu'une forme retorse de sa volonté impérialiste.

Ce qui pose la question de savoir pourquoi les libéraux occidentaux sont si obsédés par les droits putatifs des arabes palestiniens sur leur propre vision de l'histoire. La réponse, on le croit, c'est que la Palestine est le maillon faible. A l'ouest, Israël incarne l'idéal d'une civilisation qui s'élève au dessus de l'ethnicité. La continuité historique du peuple juif est la fondation du christianisme, qui s'est diluée, en Europe, dans une civilisation universalisante.

Si les droits historiques d’Israël à ses anciennes terres sont compromis, si Israël est portraituré en tant qu'agresseur impérial qui viole l'auto-définition des minorités ethniques, le relativisme, alors, triomphera sur les principes d'unification des civilisations. C'est en quoi Israël possède un importance symbolique énorme pour l'ouest.

Fondé, il y a juste 65 ans, l'état juif moderne est devenu une superpuissance technologique et ses distingue dans l'art et les affaires. C'est aussi un des états le plus fort et le plus stable du moyen-orient. C'est aussi le seul pays industriel avec un taux de fertilité bien au dessus du niveau de remplacement, pas seulement abstraitement, mais aussi dans les faits, un état moderne, un exemple comme nation.

Les ambitions du relativisme libéral s'étendent bien au-delà du moyen-orient. C'est bien plus facile d'utiliser Israël, une nation de huit million d'habitant, comme maillon faible, que la Chine, nation de 1,4 milliard de citoyens. C'est précisément un raisonnement identique qui propose de découper l'état d’Israël que celui qui propose le séparatisme ethnique en Chine.

Il est important de souligner que çà n'a rien à voir avec la démocratie en Chine. Les libéraux occidentaux, par exemple, qui soutiennent le séparatisme tibétain, n'évoquent jamais le fait que les tibétains devraient pouvoir voter aux élections chinoises ? Ils disent simplement que les tibétains devraient avoir le droit de restaurer le système féodal très antidémocratique qui prévalait avant son intégration à la Chine.

L'affinité instinctive que le chinois ressent à l'égard du peuple juif, n'est pas une affaire de hasard, ni que la Chine et Israël sont les détenteurs d'un brevet de longévité en matière de civilisation tel qu'aucune autre civilisation humaine n'en possède. Malgré leurs grandes différence, ils partagent un but commun : transcender le tribalisme par une civilisation unificatrice, il ne faut pas s'étonner qu'ils aient des ennemis en commun.

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29/12/2013

UNE EXPÉRIENCE D' ÉMIGRANTS

Houblon, bière et Réforme arrivèrent en Angleterre, en moins d'un an.

 

Les premiers immigrants appelés " les étrangers " par les habitants de Canterbury furent principalement des Wallons conduits par Jean Utenhove et François de la Rivière hors de Flandre en 1548. Calviniste d'aspect, ce petit groupe était, dit Strypes: "le début de l' Église étrangère s'implantant à Canterbury profitant de l'attitude et de l' influence de l 'archevêque Cranmer". Ils possédaient des guides éminents. Hooper écrivit à propos d 'Utenhove : "C'est un homme illustre par sa naissance et ses vertus, fidèle à la vraie religion, entièrement opposé aux égarements du sectarisme. Cranmer, archevêque de Canterbury favorisait des penseurs de la Réforme tels que Martin Bucer, Joa a Lasco et Pierre Martyr. Devant une pareille affluence de réfugiés. Le jeune roi, Édouard VI décerna une charte protégeant toutes les églises protestantes immigrées et les plaça sous la responsabilité de Joa a Lasco en Juillet 1550. La congrégation de Canterbury rendait le culte, probablement dans une chambre du palais de l' archevêque ou aux abords .Quoi qu'il en soit , avec leur reconnaissance officielle, ces Flamands parlant français s'établirent assez pour requérir 4 articles à la magistrature de Canterbury: Soi t à disposer d'une église et d 'un cimetière, pour permettre le libre exercice de leur religion, la permission d'accueillir de nouveaux membres dans la communauté, la permission pour les maîtres d'instruire leurs enfants en français ainsi que la possibilité obtenir des détails sur les négoces par lesquels la communauté se proposait de pourvoir à son entretien. Les horreurs du massacre de la Saint-Barthélemy en 1572 ouvrirent un nouveau chapitre dans l' histoire des immigrants de Canterbury, des milliers d'entre eux envahirent le Kent et s'installèrent à Rye et à Winchelsea. Et, quoique bienvenus aux yeux de la reine protestante, il devint apparent que les petites villes côtières se remplirent d'une telle façon, qu' Élisabeth ordonna la redistribution des Huguenots. On peut lire dans les minutes municipales de Canterbury datées de 1567 ceci: "Devant cette cour, il est acquis qu'une compagnie des étrangers recevra des habitations et jouira des libertés de cette cité par ordre du conseil de Sa Majesté la Reine, aux conditions à discuter par cette maison". En 1575 , la communauté fût autorisée à utiliser l'église saint Alphage pour ses services. On la trouva trop petite et, soutenus par Matthew Parker, archevêque de Canterbury, ils obtinrent le droit d' utiliser la crypte de la cathédrale, l'oratoire du prince noir, en particulier, comme lieu de vénération. Ceci accomplissant une des demandes de 1574, apporta une confirmation des statuts ainsi que des habitations sûres à Canterbury. Les réfugiés furent bien accueillis par les habitants de Canterbury, une ville qui, d'après Hasted, était tombée " D 'un grande opulence et réputation. ...dans une extrême pauvreté, nudité et décadence" Ils possédaient une multitude de talents par lesquels Canterbury pourrait prospérer à nouveau. Mais étrangers on les appelait et étrangers, ils restèrent pour un certain temps encore. Les différences de langue, de discipline religieuse et d'organisation communautaire les exclurent des libertés de la cité bien qu'ils contribuèrent aux capitations nationales et fournirent même "une loyale brigade de tambours s'entraînant en dehors de la ville". Les mariages mixtes restèrent mal vus par les consistoires modelés sur le modèles calviniste. La cité, divisée en quatre quartiers dirigés par deux anciens et administrés par quatre diacres dont le rôle consistait à visiter les pauvres et, en temps de peste, à remplacer avantageusement leurs précieux maîtres dans le contact avec les victimes. La discipline interne du consistoire s'appliquait strictement, le pénitent répétant la phrase de contrition après l'ancien, et se voyait, ensuite, admonesté. Les fautes se montraient nombreuses et variées depuis Moïse Blondeau qui descendit la rivière en bateau et s'en fut pêcher un dimanche jusqu' Hester Milvrie " partie pour une promenade à Harbiledown avec un Anglais pendant, le service de l'après-midi". L'efficace et autonome Église Huguenote de Canterbury, dont la congrégation fluctuait en nombre, ne vivait pas, quoi qu'il en soit, sans autres problèmes. Le nombre moyen de baptisés pour la dernière décade du seizième siècle de 113 tomba en 1601 à 68 et demeura à peu près égal pendant 30 ans. Beaucoup déménagèrent à Spitalfields Où ils trouvèrent à développer plus profitablement leur industrie textile, d'autres retournèrent vers leurs contrées d'origine encouragés par l'édit de Nantes. Le va-et-vient des immigrés ne cessa jamais et en mars 1635, le maire de Douvres signalait dans une lettre au Lord Gouverneur: "Près de cent hommes, femmes et enfants français et hollandais, tous protestants, certains chargés de biens et de meubles, habitants de Calais mais possédant terres et tenures en Flandre, viennent de débarquer." Le conseil privé déplaça tous les arrivants vers l'intérieur. Les changements de taille des congrégations furent des questions mineures comparées aux attaques lancées par l'archevêque Laud en 1630, voyant comme déviantes et irrévérencieuses toutes les Églises réfugiées, il était déterminé à révoquer tous les privilèges garantis par Édouard IV, maintenus par Élisabeth l et réaffirmés par Charles I. En 1634, les Églises de Canterbury, Sandwich et Maidstone se virent poser trois questions: "De quelle liturgie usent-ils, la liturgie anglaise dite en flamand ou en français?, combien de membre sont-ils nés sujets anglais et ceux-ci se conformeront-ils à l' Église d'Angleterre.?" Les Huguenots ne se manifestèrent pas, même quand l'injonction de Laud leur fut présentée exigeant pour tous les réfugiés de rendre le culte à l'église paroissiale où ils vivaient en enjoignant les pasteurs Huguenots à user de la liturgie anglicane." Une supplique présentée à Charles eut peu d'échos. " L'exécution ne sera pas aussi dure qu'ils ne le craignent." dit Laud qui insista sur la première injonction mais pas sur la seconde, ne voulant pas paraître agir avec faiblesse mais comme aspirant au compromis. les livres de Canterbury ne montrent aucune rupture dans le service ni aucune diminution de fidèles. Beaucoup de réfugiés se rendaient aux deux cultes anglican et huguenot. En 1664 quand Laud fut mené au tribunal, une des charges portées contre lui sera cette irruption aux allures conspiratrices dans la vie des Églises réformées. Pendant cette période tout en subissant le schisme interne des années 1650, l' Église huguenote de Canterbury démontra sa résilience tout en perpétuant son haut niveau de discipline. Pendant l'interrègne, les Têtes Rondes montrèrent leur approbation de l’Église réfugiée, ils laissèrent l'oratoire intact pendant que la cathédrale au-dessus fut mise à sac. En 1662 un ordre du conseil de Charles II permit une pleine renaissance de la liturgie huguenote à Canterbury, l'église dans la crypte fut exemptée de l'acte d'uniformité et tous ses privilèges réaffirmés. Cette charte est encore, aujourd'hui, celle de l' Église Française qui occupe une partie de la crypte. Il ne fait aucun doute que les tisserands wallons et français de la cité cathédrale étaient experts. L'archevêque Parker écrit à Élisabeth I: " Des étrangers si profitables et si aimables devraient être bienvenus et non point grugés." Les talents individuels des réfugiés s'ajoutèrent à ceux de l'industrie du vêtement existante à Canterbury. Pour éviter la compétition, on interdit aux étrangers de fabriquer des tissus semblables à ceux tissés par les Anglais. Les métiers se mirent à tisser d'étroits et rugueux tissus de laine ainsi que d'autres, plus fins, de laine ou de soie. En 1574 Canterbury confirmait les libertés des réfugiés y incluant le droit "de faire des vêtements, des étamines et du tissu d'après la méthode flamande, de disposer d'ateliers et de magasins suffisants pour garder, transborder ou sceller , pour les agrémenter ou les teindre de toutes les sortes de couleurs qui leur conviendra." En 1592 l 'archiviste de la ville note une production à grande échelle de tissus de soie par les réfugiés. Ils devaient soumettre le travail à un officier inspecteur et payer 2 shillings pour sceller les produits du sceau de la ville. En même temps ils trouvèrent un étab1issement fixe dans le vieux réfectoire du couvent des dominicains, vidé par le conflit. "Dans ce magasin, toutes sortes de marchandises peuvent être amenées et vendues par les étrangers." (archives de Canterbury) . La création d'une union de négociants et peigneurs en laine (1599), rehaussée par la présence du consistoire de l Église réfugiée démontra la croissance continuelle de l'industrie. En 1638, les tisserands londoniens obtinrent par Charles I, l' extension de leur charte à toute l 'Angleterre. Suite à 1'opposition de Canterbury, en 1639, le conseil décréta la compagnie des tisserands de Canterbury fut entièrement reconnue par Charles II en 1676, Il décerna aux réfugiés une charte d'incorporation comme ," Compagnie des tisseurs de soie de Canterbury." A cette époque, travaillaient 22.000 tisserands de soie dans la ville dont 1.3OO immigrants. La compagnie se rencontrait une fois par mois dans le couvent des dominicains pour les transactions. Avec l'arrivée de nouveaux immigrants vers 1665, les affaires connurent une nouvelle expansion, un nouveau bâtiment fut établi ou les réfugiés pouvaient contrôler et sceller leurs marchandises eux-mêmes. Des bandes de soie élaborées, tressées d'or et d'argent, au prix de 10 à 2O shillings par yard, produites pour la cour à partir de matières premières d' Italie ou de Turquie. La fin du XVII° siècle vit l'industrie du tissage wallonne et huguenote à son zénith, la prospérité de ceux qui furent jadis poursuivis par la pauvreté peut être vue, encore aujourd'hui, dans leurs maisons, en particulier la maison des tisserands de King's bridge et l'immeuble qui sert de magasin à la King's School, il existe aussi de nombreux autres exemplaires situés rue du palais. Graduellement, les goûts changèrent et on en vint à préférer les soieries et calicots plus légers, meilleur marché, importés de l'Inde. Les tisserands sollicitèrent la protection parlementaire et l'interdiction d'importation de soieries brutes mais les contrebandiers rendirent cette mesure sans effets. En 1715, une pétition des tisserands de Canterbury au nouveau roi, implorait les raccourcissement du deuil public pour la reine Anne : " L 'usage de soieries, portées par la cour en ces occasions de deuil, est généralement de velours noir, de crevés noirs et de mantilles noires qui n'apportent aucun travail à nos pauvres, ils sont manufacturés en Hollande et en Italie, la plupart, par le prix bas auque1s sont vendus échappent, sans doute, à l' impôt du à Sa Majesté," Les tisserands préparèrent des réserves de soie , croyant le deuil terminé pour l' anniversaire de Georges I, mais il dura un an et ils eurent de grosses pertes. Même le développement de la mousseline de Canterbury par John Calloway ne put stopper le déclin et beaucoup partirent pour Spitalfields ou fermèrent leurs boutiques. A la fin du 18°siècle,seuls 10 tisserands restèrent, en 1837 tous les ateliers étaient fermés. L'activité de immigrants peut s'apprécier à sa réussite majeure: la restauration de la richesse et réputation de la ville. " Les étrangers " de bien des façons pleinement intégrés et anglicisés gardèrent néanmoins l'unité et la force de leur foi protestante, demeurèrent peu affectés par le changement. Ils le démontrèrent par la restauration de l'église dans la crypte en 1892, avec un nouveau sol, des bancs, une table de communion, des fonds baptismaux, un orgue et l' éclairage au gaz. Les citoyens de Canterbury gagnèrent au contact des immigrants et il est certain que, dans le Kent, les Wallons et Huguenots trouvèrent ce que l'édit de Nantes ne put offrir: la perpétuelle et irrévocable sécurité, tolérance et protection, une garantie pour une vie normale.

Le procès de Laud

Sources: Tracey Earl,

St. Catherine’s College,

Cambridge

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28/12/2013

Moi, peut-être, un jour...

J'ai beaucoup voyagé dans les régions glacées et beaucoup lu des récits de voyages polaires, mais jamais je n'en ai lu un comme celui-ci. Dans " Moi, peut-être, un jour," le journaliste littéraire britannique Francis Spufford nous offre un panorama des faits et des aléas de l'exploration polaire tout en s'attardant sur le sens à en tirer. Dans de moindres mains, une telle tentative eut pu entraîner baudruche après baudruche. Mais Spufford a l'esprit si engageant avec un regard si précis sur les fous du pôle que ce livre est vraiment un instantané d'une transparence cristalline. Son but est d'expliquer pourquoi, de 1775 à 1913, l'extrême nord et l'extrême sud comptèrent tant pour les explorateurs anglais et pour le public qui suivit avidement leurs progrès. Inutile de dire qu'il n'y a pas de réponse simple; et, comme les héros eux même, Spufford semble révéler davantage en route qu'à l'arrivée. C'est un voyage qui l'emmène de l'argot aux rimes Cockney aux propriétés de 1a vitamine C et des théories fumeuses d'un cosmologiste américain aux ficelles des prouesses de l'explorateur en chambre de classe mondiale: Sir Clements Markham (qui inspira la tentative malheureuse entreprise par Robert Falcon Scott d'arriver le premier au pôle sud.) En chemin, Spufford habite des œuvres de fiction telles que " l'histoire d'Arthur Gordon Pym de Nantucket " de Poe, "Moby Dick" de Melville et plus spécialement "Frankenstein" de Marie Shelley qu'il mêle sans plus de façon à la vie de son auteur avec Percy, son bonnet de nuit de mari. Et où les écrivains. du grand nord les plus imaginatifs tentaient de jouer les mâles exploits héroïques contre le majestueux pari temporel des femmes à la maison. Mary Shelley, écrit Spufford, " fit quelque chose de plus rare encore, elle damna le pôle nord en anatomisant les attractions du vide dans une sensibilité masculine particulière." Romantique, autonome et désirant toujours excéder les limites du corps humain. Tout ceci arriva peut-être parce qu'elle se démarquait calmement, dans "Frankenstein" d'un état d'esprit bien trop familier en la personne de son mari, dont l'idéalisme ne s'embarrassait de conséquences. Sur un plan moins exaltant se situe le bouillonnant John Cleves Symmes qui, dans les années 1830-40 fit le circuit américain de conférences, proposant des interprétations délirantes sur des trous dans les pôles et la terre creuse. Beaucoup rirent de lui mais ils trouva quelques suiveurs qui attribuèrent son accueil moqué à une conspiration officielle. Malgré ces camaïeux littéraires américains et des références sporadiques à la quête de Robert Perry pour le pôle nord, Spufford se concentre sur la passion polaire britannique. Un joli passage et une explication de la condamnation presque universelle du Norvégien Roald Amundsen, comme pillard par les Anglais, pour avoir oser, concourir avec Robert Scott dans la course au pôle sud qui débuta en 1910." Amundsen offensa les vues britanniques sur l'esprit sportif," Spufford écrit: " Il transgressa l'idée que le pôle sud...ne comptait pas comme ailleurs, mais était une sorte d'annexe sauvage de l'Angleterre..." Scott vogua vers l'antarctique dans un corridor impérial, il s'en alla à l'autre bout de la terre sans jamais quitter les scènes que St James's Park en donna. Il passa par les endroits les plus reculés. Ses vaisseaux firent escale au Cap pour avitailler, ensuite à Melbourne où des scientifiques australiens embarquèrent et finalement à Lyttlton en Nouvelle-Zélande pour les arrangements finaux et les adieux. Nulle part sur la route Londres Le Cap-Lyttlton à l'île de Ross, l'expédition ne toucha un port dont la langue anglaise n'était pas maîtresse, Où la monnaie n'était pas du même format, de la même dénomination en Livres, où les officiers n'étaient pas nourris de mouton et de sherry par les notables locaux et où la troupe ne pouvait aller à la taverne. L'ultime trahison, naturellement, fut qu'Amundsen y arriva le premier. Spufford s'aventure un contrepoint magnifiquement maîtrisé de ce fait glacé découvert par Scott. Les géomètres fous avaient raison, Jules Verne avait raison. Il y a quelque chose au pôle sud. C'est un drapeau norvégien. Et pire encore, Amundsen survécut et Scott pas. Roland. Hundford dans un livre appelé "Scott et Amundsen" a mis à mal l'image de Scott en tant qu 'explorateur compétent par la narration brillante des expéditions jumelles. Mais, l'échec de Scott renforce par ces lettres interminables, ces commentaires écrits et enregistrés par lui et ses hommes avant qu'ils ne meurent de faim et de froid à moins de vingt kilomètres de leur prochain point de ravitaillement ont davantage impressionner l' imagination populaire que le succès sans accrocs d' Amundsen. Ainsi, '"moi, un Jour, peut-être" ( ce furent les dernières paroles d'un compagnon de Scott qui, un jour, sortit de la tente en quête d'un suicide qui le soulagerait. L'auteur termine avec une récréation spéculative sur le soliloque mental final de Scott et c'est le numéro de bravoure de l'ouvrage. "Moi, peut-être, un jour "' demande un peu de patience. Il montre, avec évidence, ses origines issues de périodiques. Mais, à la page 50 Spufford atteint son but et y si vous ressentez quelque intérêt pour l'éthologie des voyages extrêmes, vous ne serez pas laisse en chemin.