06/06/2013

L’Angleterre des Plantagenets

Sous les exigences du règne sévère de Henri, les deux races, anglo-saxonne et normande trouvent, par les inter-mariages, des communautés d’intérêts, à l'exemption des serfs ou vilains, attachés au sol. Leurs mœurs politiques, aussi se modifient et il semble impossible de revivre les dominations tyranniques de Guillaume I et d'Henri I.

La construction de places fortes est soumise à un contrôle tatillon sous Henri II. Ainsi personne ne peut fortifier sa résidence sans l'autorisation royale. L’autel tombeau et le catafalque datent des Plantagenets. Jusqu’à alors, les habitations, construites en bois, se trouvent détruites par des incendies fréquents,. Après l'incendie de 1189, elles furent, dès lors, construite en pierre. Après le grand incendie de 1212, il est ordonné de replacer le chaume par des tuiles. Les fenêtres sont de simples ouvertures fermés par des panneaux et les cheminées ne sont pas d'un usage commun, Rien ne change, vraiment. On parle de verre peint sous Henri III. Les caves comme les murs sont peints. Les grandes cheminées, projetées vers le centre de la pièce, de construction tubulaire autour desquelles s'articule forment une sorte de petit cabinet muni de sièges. A l'époque du Roi Jean, ces foyers lits, ornés de pièces héraldiques,de motifs de velours multicolores, de soie, de satin curieusement brodés d'argent et d'or, possèdent une telle valeur que seules les familles nobles en détiennent. Même au temps de Richard III, on voit le Roi prendre avec lui son foyer, il reste à Leiscester après la bataille fatale de Bosworth. On le découvre, bien des années plus tard comme le réceptacle du trésor royal. La cache contient 300 Livres.

Les goûts vestimentaires des Plantagenets sont allégés, plus remplis et gracieux que leurs prédécesseurs et ils s'ornent de riches ceintures ornementées, portaient de couvres-chefs hautes et tubulaires, des chaussures et des bottes brodées et des gants couverts de bijoux. Henry II introduit, la cape courte ou manteau court. Sous le règne de Jean, le clergé abdique de sa volonté d'imposer les cheveux longs et les barbes. Les hommes comme les femmes adoptent ondulations capillaires et filets.

Aux temps de Henri III les styles de robe sont ridicules. Chaussures effilées, de trois à quatre fois la longueur du pied, plates, chantournées et attachées au genou, des bas, d'une autre couleur, des petites guêtres partiellement colorés de revêtements de soie et de velours. Les coiffures sont comiques. Édouard I décourage cette extravagance, s'habille simplement et ne porte même plus sa couronne après son sacre. Sous Édouard III, la mode copies toues les tenues fantastiques rencontrées ailleurs. Les longues robes font place à des tenues plus légères. Les Grands, rivalisent de splendeur dans la tenue de leurs maisons. Richard II invite 10.000 personnes chaque jour parmi lesquels 300 cuisiniers. Le Comte de Lancastre, petit fols de Henri III, dépense, en un an 22.000 Livres pour ses invités et ses commensaux.Ce type de clientélisme crée de terrible problèmes quand à la question de la répartition. Dès lors, des bandes locales s’organisent à des fins défensives et offensives. Ils portent, généralement la livrée de quelque seigneur local. Sous les règnes de Édouard III et de Henri II, ces maraudeurs conspirent contre le droit et la justice, harcèlent les gens, pour la terre, ils rançonnent les riches et prétendent venir en aide au destitué, se livrent au chantage à leur guise, prennent possession des terre, titres, fonctions et femmes. Une période précédente, a vu, sous Édouard I, une abondance comme jamais auparavant, de vols journaliers, de meurtres, d'incendie et de cambriolages. Avec des magistrats, désormais trop effrayés pour rendre des verdicts dans leur propre juridiction, la nécessité impose de rétablir le système de Frankpledge qui rend collectivement responsable la centaine pour un. Toutes les villes sont fermées du crépuscule jusque l'aube, il est stipulé qu'aucun étranger ne peut dans la ville plus que 24 heures si son hôte ne se porte garant de sa personne. Quiconque trouvé dans la rue, sans permission et sans porter une lanterne est arrêté par la garde.Simultanément, les grandes routes doivent voir leurs abords dégagés des broussailles, monticules, troncs, fossés,refus sur une largeur de soixante-dix mètres de chaque coté de celles-ci afin d'éviter les embuscades des routiers. Chacun doit se munir d'armes et d'armures et courir sus ces bandes de voleurs, de ville en cille, jusqu'à les délivrer au Sheriff.

Durant cette période, le prix de la terre augmente beaucoup. On affranchit les vilains attachés à la glèbe afin de pouvoir spéculer plus aisément. Ils deviennent les salariés de leurs anciens maîtres. Progressivement, le propriétaire préfère recevoir son du en argent ou en annuités, L'ancien serf se retrouve à disposer de sa personne et de sa propriété n'étant plus que le locataire du bien sans devoir de corvée au propriétaire. Les vrais esclaves, les anciens deviennent aussi des laboureurs libres qui gagnent leur liberté après un séjour de un an et un jours sans l'enceinte d'une ville fortifiée après quoi, ils s’installent, pour leur propre compte, dans ce qui devient les premières banlieues. Édouard III impose des lois aux agriculteurs. Richard II décrète que nul vilain pourra quitter son lot sans une lettre patente et personne, dans certains métiers, ne peut changer d'occupation. Les Communes demandent même l'abolition de la vieille loi touchant la résidence urbaine, « pour l'honneur de tous les hommes du Royaume ». Les vilains ne peuvent mettre leurs enfants à l'école si ils ne deviennent pas clercs et n'échappent à la servitude par l'église. Au temps de Jean, les nobles sont ignorants de l'écriture et ils signent la Grande Charte de leur marque ou d'une croix.C'est seulement en 1356 que rédaction des livres en latin de moines, cesse. Tant que le servage fonctionne, le paupérisme, tel qu'il existe sous les Tudor, est impossible. Le servage, ce droit oblige les feudataires à nourrir leurs esclaves en retour de leurs services. Les pauvres, les jeunes, les malades sont inclus dans cette distribution. Cela demeure, néanmoins, une vie d'esclavage ou le sujet humain n'était pas plus pris en compte que le bétail.

Les Plantagenets n'avaient pas, à table, la modération des Normands. Édouard II et III tentent de restreindre la prodigalité de leurs sujets. On peut lire qu'en 1243, un banquet fournit de de 300 à 30000 rations. Il n'y a que deux repas par jour, mais chacun dure plusieurs heures. Les fêtes se prolongent dans l'allégresse. Les troubadours sont retenus dans la maison des Grands ou on les encourage à plus de licence de langage sans respect des personnes, excitant l'amusement par leurs remarques caustiques sur les individus tout en applaudissant par leurs flatteries. Vêtus d'oripeaux comme les clowns de la pantomime, nombreux, ils personnifient les géants patibulaires de la fable qui sans cesse maugréent tout le temps de rudes comédies, les acrobates accompagnés de jongleurs, trembleurs, danseurs, mimes, etc.... leur jeu reste grossier et licencieux. Ce genre de représentations, interdites au clergé, sont rejouées dans les monastères et dans les églises, en contre-emploi.  « La fête des fous » célébrée en Europe autour de Noël, rassemble les anciennes saturnales de Rome et le moderne carnaval, tenté en Angleterre, elle n'a jamais gagner la faveur du public. On transforme les plus pauvres en hauts dignitaires de l'église, ils parodient le service de la messe par des chants et des sermons obscènes, niais et bouffons. De telles licences sont possible, par exemple, à la fête dite de « l'Évêque garçon », ce sont des acolytes qui font l'acteur et les vêtements sont fournis par le clergé.

La description des « cavalcades » ou processions royales qui traversent le pays est assez désenchantée. Un chroniquer, sous Henri II, dit « La bande du Roi n'était rien moins qu'une bande ou tout ce qui tient du bon goût et de l'ordre sont inconnus ou négligés. Elle est composée de gens sans réputation tirés des rues et des antres du vice ».

Source: Reed's manual of systematic history,Jarrold & Sons, 12 Paternoster Row, London 1871

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